Thème : Une Gargoyle a Disparu !
Mots : téléphone,
chien, marmelade
Une
gargoyle a disparu…
1997
– Belle nuit du mois de juin
Mélusine
enfouit à la hâte tout ce qu’elle avait amassé sur son lit dans un sac noir
qu’elle portait en bandoulière sur lequel elle avait passé des heures à broder
un pentacle protecteur. Absinthe s’était déjà amusée à lui demander pourquoi
elle avait inscrit le signe du démon sur sa sacoche. Elle avait beau lui
expliquer que ce n’était pas un pentagramme inversé mais un signe protecteur,
la gargoyle aux longs cheveux verts soutenait mordicus le contraire.
« Si tu le dis… après tout c’est toi
qui t’y connais en sorcellerie… » lui avait-elle dit en haussant
les épaules, lassée.
La
jeune gargoyle leva les yeux sur sa pendule Hello Kitty. Presque une heure du
matin. Déjà ! Elle allait être en retard si elle ne partait pas tout de
suite. Elle attrapa sa cape et la fourra au fond du sac avant de le fermer et
de le balancer à travers son épaule. Elle caressa la tête de son faucon en
passant puis s’engouffra dans le couloir avant d’être arrêtée brusquement par
un Delacroix qui lui bloquait le passage, les bras croisés sur sa poitrine, un
air de conspirateur sur le visage.
« Ah ah ! Je le savais. Tu
nous quittes ? »
« Qu’est ce que tu fais là ? Je
dois passer. » Mais Delacroix
ne semblait pas vouloir bouger d’un pouce. Au contraire, il prit pose dans le
couloir, les poings sur les hanches, étendant les ailes pour prendre encore
plus de place.
« Je ne bougerai pas tant que tu
ne m’auras pas dit où tu vas. »
Ca
commençait à être agaçant à la fin.
« Tu perds ton temps et me fait
perdre le mien. Bouge de là, Delacroix ! »
« Non ! »
« Bon, tant pis pour toi, je n’ai pas le temps de
jouer avec toi. » Il n’y
avait qu’une chose que Delacroix semblait comprendre, c’était les coups.
Réagissant vite, elle mit la main sur une petite statuette qui trônait sur une
petite colonne de décoration et le lança de toutes ses forces dans l’estomac de
Delacroix qui, surpris par ce geste inattendu de la part de Mélusine, eut le
souffle coupé. La gargoyle verte en profita pour se faufiler et courut vers la
fenêtre ouverte du bout du couloir. Elle se jeta par l’ouverture et étendit ses
ailes pour prendre de la vitesse. Il fallait qu’elle fasse vite, elle ne
voulait pas être suivie. Surtout par Delacroix. Un peu d’intimité, c’était tout
ce qu’elle demandait. Elle se retourna plusieurs fois pour voir si son coup
avait fonctionné. Pas de Delacroix en vue. Pfiou. Ok. Elle prit un autre
courant ascendant et vira de bord.
*-*-*-*
« Qu’est ce qui t’est arrivé encore ? Les
murs ont bougé de place pendant le jour ou quoi ? » Absinthe baissa les yeux sur Delacroix, accroupi par
terre, tenant contre lui une petite statuette représentant un chevalier
terrassant un dragon. Il faisait la grimace et se tenait l’estomac.
« Aïe »
« Allez, debout. »
Delacroix se remit sur ses pattes et
expliqua à sa sœur :
« C’est Mélusine, elle est partie sans rien dire
ni prévenir personne. »
« Encore ? C’est la 3e fois ce
mois-ci. C’est intriguant.»
« Oui. Ca ne lui ressemble pas, approuva
Delacroix. Ce n’est pas son genre de se
cacher. C’est pour ça qu’il faut que je sache. » Finit-il en se redressant d’un bond. « Dépêchons-nous
sinon nous allons la perdre pour de bon. »
« Je suis d’accord avec toi. Vas-y. Je vais
prévenir les deux zozos et je te suis. »
*-*-*-*
Grimm
était affalé dans le canapé, une bière à la main, devant une rediffusion d’un
match de football. Un Metz – Sochaux, rien de très affriolant. Il avala une
gorgée et jeta un œil sur la boule de poils et de plumes à ses pieds. Richelieu
s’était redressé soudainement, comme s’il avait entendu un bruit derrière la
porte. Svenn était sagement attablé derrière le canapé, en train de boire une
tasse de café accompagnée de délicieuses tartines à la marmelade et lire –ou
tenter de lire- le journal de la veille.
Le
griffon se leva brusquement et s’engouffra dans le couloir. Grimm qui était
chargé de le surveiller et de le limiter au château, soupira et s’élança à sa
poursuite. Qu’est ce qui avait bien pu le tirer de son sommeil ?
Sur
ces entrefaites, Absinthe apparut au détour d’un coin et leur annonça la
nouvelle tandis que Richelieu lui sautait dessus.
« Del et moi, on part à la recherche de Mélusine.
Grimm, occupe-toi de Richelieu. Il ne faut pas qu’il sorte d’ici. »
« Ouais, ouais je sais… »
« Trouve n’importe quoi mais fais
quelque chose. La dernière fois, ça a été une catastrophe dans la ville. Et ils
en parlent encore dans les journaux. »
« … »
Il
n’avait rien trouvé de mieux à répondre qu’un long silence. Derrière, Svenn
suivait la scène sans mot dire, observant de l’extérieur, comme à son habitude.
Lorsqu’il sentit que Grimm lui lança un regard noir, il s’empressa de remettre
son nez dans le journal comme si un article lui ordonnait de le lire. Absinthe
repartit vers les cieux, laissant Richelieu qui, irrité d’être laissé en
arrière, feula et cracha.
« Reste là, boule de poils. T’as
entendu Frau Kolonel ! »
Mais
Richelieu en décida autrement. Il se retourna et s’éloigna de la fenêtre d’où
s’était envolé Absinthe et bondit comme s’il prenait de l’élan avant de bondir
à la poursuite de la gargoyle aux cheveux verts.
« Ahhh non ! Ach Schiese ! »
Grimm
n’eut pas le temps de le rattraper que déjà le griffon s’éloignait en battant
des ailes. Hors de lui, il gueula :
« Eeeet merde ! REVIENS ICI,
SALOPERIE ! »
Svenn
leva les yeux de son journal, observant Grimm s’évertuer à faire revenir
Richelieu par la seule force de sa voix.
« Tu n’arriveras pas à le faire
revenir, Grimm. C’est une sacrée tête de mule ! »
Grimm
se retourna, furax.
« T’as
une solution, génie ? »
«
Hmm oui, mais je ne pense pas qu’elle te plaise. »
Grimm
fronça les sourcils.
« Ah non. NON ! C’est hors de
question. » s’exclama la
gargoyle aux ailes lacérées.
« … »
*-*-*-*
Mélusine
atterrit sur le toit d’un haut immeuble près de l’opéra Bastille. Les rues
étaient éclairées par des centaines de lampadaires mais l’on pouvait voir peu
de gens sur les trottoirs à cette heure, à part certains qui se pressaient pour
attraper le dernier métro. Là-bas au loin, un chien aboya.
Elle
avait découvert ce spot sûr où elle pouvait enfiler son déguisement : une
arrière cour qui donnait sur un atelier de brocanteur dont la porte n’était pas
bien fermée. Elle savait être discrète, aussi ne réveillerait-elle personne.
La
jeune gargoyle fouilla dans son sac et sortit un à un les éléments du costume
qu’elle avait longuement préparé. Elle enfila une longue chemise couleur sable
ainsi qu’un pantalon bouffant foncé et de hautes bottes. Une tunique
d’inspiration japonaise par-dessus et le tour était joué. Après avoir rabattue
ses ailes sur ses épaules, elle noua une espèce de châle au sommet de sa tête,
entre ses cornes pour cacher ses cheveux, accrocha un tube noir à sa ceinture et
termina par une longue cape ample et sombre qui couvrirait tout, y compris les
ailes, ses pattes et sa queue. Se regardant dans un vieux miroir, elle rabattit
la capuche sur sa tête. Parfait. Il était temps d’y aller. On allait
l’attendre.
*-*-*-*
Absinthe
avait rejoint Delacroix au moment où celui-ci avait réussi à pister leur
« sœur »
« Comment as-tu fait ? »
demanda-t-elle
« Ahah, l’instinct du
chasseur ! »
répliqua-t-il en bombant le torse.
« Ben voyons. »
« Elle a atterrit là-bas. On va se poser pas très
loin. Derrière cet appentis sur le toit. »
« OK. Après toi. »
Delacroix posa les pattes sur le toit en prenant une
pose de conspirateur. Ca devenait une seconde nature chez lui, ce besoin de
toujours se mettre en scène. Absinthe, quant à elle, fit partir une dizaine de
pigeons qui s’envolèrent en pépiant d’effroi.
« Oh regarde, elle est là ! Ca ne peut être
qu’elle.» Delacroix était penché
au bord du toit, accroupi pour se faire plus petit. Il montrait la rue de la
main. Une silhouette sombre rasait les murs, se dirigeant vers un portail
énorme, de bois massif, où plusieurs personnes se tenaient. On pouvait deviner
qu’ils fumaient vu leur comportement. Tous se retournèrent lorsque la
silhouette s’approcha.
« Mais elle est folle ! Elle va se faire
repérer ! »
Mais
la silhouette salua de la main les fumeurs qui lui rendirent son salut. Là haut
sur leur toit, les deux gargoyles étaient quelque peu désarçonnées.
« Il faut qu’on s’approche. C’est quoi cet
endroit ? »
demanda Delacroix
« Si je savais… »
*-*-*-*
Les
caves Saint-Sabin étaient connues pour leur décor, d’anciennes voûtes en pierre
apparente, une ambiance toute particulière et des soirées spécialisées. Tous
les mercredis soirs, c’était soirée costumée. Lorsque la nouvelle venue fit son
apparition, certains se retournèrent et l’accueillirent avec joie.
« Hé ! La Twi’lek, par
ici ! » Trois
jeunes filles costumées en pirate, en Cléopâtre et en nonne gothique lui firent
signe. La nouvelle venue rabattit sa capuche laissant voir ses lekkus pendre de
chaque côté de ses épaules
« On ne t’attendait
plus ! » S’exclama
Cléopâtre.
« J’ai eu… quelques ennuis de
dernière minute.» répondit
Mélusine.
« Rien de grave j’espère. Il est
vraiment trop top ton déguisement ! » rajouta la pirate.
La gargoyle rosit sous le compliment. « Merci
c’est gentil. J’ai beaucoup travaillé dessus. Après tout, il faut bien fêté les
30 ans de la trilogie ! Tavernier ? Une demi-pêche s’il vous
plaît. »
«
Tu as bien raison. Allez, santé ! »
Les
jeunes filles trinquèrent et burent une première gorgée. Mélusine ouvrit alors
la cession.
« Alors ? De nouvelles
potions ? »
C’est
ainsi que tous les mercredis, Mélusine venait causer popotte magique et poudre
de perlimpinpin avec d’autres apprenties sorcières, mais humaines celles-ci. Au
moins pouvaient-elles parler de leurs domaines et tirer les cartes sans
s’attendre à une réprimande. Toutes étaient sur la même longueur d’ondes. Ici,
ce fut Cléopâtre qui tira les tarots cette fois-ci, expliquant le processus à
Mélusine.
« Voilà. Tu vois là, la roue
indique un changement… Une vieille aspiration est sur le point de se réaliser.
D’ailleurs ça pourrait commencer ici… Tu devrais jeter un œil discret derrière
toi,…»
*-*-*-*
Delacroix
et Absinthe se rapprochèrent d’un petit vasistas ouvert qui donnait dans le
bâtiment. Mais un bruit les fit se retourner. Sur ces entrefaites déboula
Richelieu qui s’empressa de se coller aux jambes d’Absinthe en roucoulant
joyeusement.
« Mais qu’est ce que tu fabriques ici ? » s’écria la gargoyle. « Et qu’est ce que… »
Là-dessus,
tous les trois virent arriver les renforts : Grimm soutenu sous les
aisselles par Svenn qui servait d’ailes pour eux deux. Tous deux atterrirent
pesamment sur le toit. Grimm eut un regard noir vers Absinthe qui eut à peine
le temps de cacher un sourire derrière sa main. Delacroix, quant à lui ne se
privait pas pour s’esclaffer.
« Pas de commentaires, sinon… » menaça Grimm d’un doigt rouge et
crochu. Absinthe préféra dévier la colère de l’autre fou vers l’objet de leur
présence sur ce toit.
« On a vu Mélusine rentrer dans ce
bâtiment et… »
Mais
déjà Delacroix avait à moitié passé son corps par le vasistas.
« Qu’est ce qu’on
attend ? »
« Très bien, allons-y. »
La
pièce était petite mais assez large pour tous les faire tenir debout sans se
tasser l’un sur l’autre. C’était un entrepôt de matériel, ici et là des
chaises, des chandeliers et des tentures pour les soirées gothiques de la fin
de la semaine. Absinthe s’approcha de la porte à l’autre bout de la pièce,
l’entrebâilla et mit son doigt devant sa bouche.
« Chuuuut, ils sont à côté. »
Le
bruit était assourdissant. La musique emplissait la pièce et on pouvait voir
par l’entrebâillement l’énorme salle voûtée, éclairée par des chandeliers et
des dizaines de bougies. De là où ils étaient, ils pouvaient apercevoir
Mélusine et 3 humaines assises à une table.
« Pousse-toi, j’arrive pas à
voir. » chuchota Delacroix
qui bouscula Svenn.
Au
bar, un jeune humain habillé en romain avait attrapé une chope dans chaque main
et se dirigeait vers la table des apprenties sorcières, un sourire enjôleur sur
la figure. Il alla s’installer entre la pirate et Mélusine et tendit à cette
dernière une chope avant d’interpeller un serveur d’un claquement de doigt.
Absinthe sentit Grimm se raidir dans son dos. Mélusine s’était recroquevillée
mais avait accepté la chope avec un timide sourire qui énerva la grande
gargoyle. L’humain se rapprocha de la twi’lek et lui murmura quelque chose à
l’oreille qui fit pouffer la jeune gargoyle. Ce fut plus que Grimm ne put en
supporter. Brusquement il se mit à hurler et grogner et éclata la porte en
mille morceaux. Les yeux luisants de colère, il rugit et dégagea d’un revers de
la main une première table sur son chemin. Les gens commençaient à hurler et
courir. Derrière lui, Absinthe tenta de le retenir, en vain.
« Non, non, Non !
Imbécile ! »
Le
professeur Montigny avait été clair. Limiter et éviter les contacts avec les
humains était nécessaire pour assurer leur existence. Mais là, Grimm venait de
tout foutre en l’air. Svenn, le plus balèze de la troupe fut celui qui tenta de
maîtriser la gargoyle en colère qui était en train d’attraper l’humain en toge
par le col et le soulever de terre. Celui-ci hurlait de terreur, essayant
d’échapper aux griffes acérées. Grimm lançait des insanités en allemand. Delacroix
de son côté protégeait les autres des éventuelles attaques désespérées et
autres lancers de chaises ou d’objets en tout genre. Richelieu bondit dans
l’arène et rugit, les plumes hérissées, afin de déconseiller aux autres humains
de s’approcher. Absinthe s’engouffra dans la bataille avec célérité et attrapa
Mélusine par la taille avant de l’emmener d’autorité vers la remise. Les trois
autres filles s’étaient levées et recroquevillées dans un coin, se tenant les
unes les autres, regardaient cette scène de chaos avec frayeur.
« Mais, non, lâchez moi ! » cria la twi’lek.
« Viens ici. On s’en va avant qu’il y ait un
mort. »
Avec
difficulté, Svenn réussit à maîtriser Grimm et l’emmena en arrière.
« Vite, filons ! » cria Delacroix.
Les
gargoyles disparurent aussi vite qu’elles étaient apparues, laissant les
clients des Caves déboussolés et pas très sûrs de ce qu’ils avaient vus. Après
tout c’était une soirée costumée. Mais c’était de sacrés bons costumes.
De
leur côté, Absinthe poussa Mélusine à travers le vasistas malgré les
gesticulations de cette dernière. Derrière, Svenn avait toujours du mal à ne
pas lâcher Grimm qui tentait toujours de retourner dans la cave afin de refaire
le portrait de ce mec en toge. Les protestations des deux se mêlaient les unes
aux autres.
« Lâche-moi ! » crièrent de concert Mélusine et Grimm.
Calmement,
Svenn répondit :
« Non, tu vas tomber. »
« J’ai pas besoin d’une nounou. »
répliqua froidement Grimm entre ses
dents.
Sur
le toit, Mélusine poussa Absinthe et explosa :
« Qu’est ce que vous foutiez là ?
Vous n’aviez rien à faire là ! »
« TU n’avais rien à faire là. On
ne doit pas avoir affaire aux humains. Ils ne comprendraient pas.»
« Mais j’étais déguisée, et puis
vous n’aviez pas besoin de tout mettre à sac. »
« Ca, c’est Grimm. Et il faudra
qu’il rende des comptes à Père. Il n’a pas respecté les règles et nous a tous
mis en danger. »
Mélusine
se retourna vers son frère de clan et le gifla. Grimm ne s’y attendant pas,
regarda Mélusine avec des yeux hésitant entre l’incompréhension et la colère.
« De quel droit es-tu venu foutre
la merde ?! »
« … » Grimm ne répondit pas et s’éloigna sans mot dire,
descendit le mur à l’aide de ses griffes et disparut. Derrière Mélusine resta
plantée là, interdite. Absinthe se rapprocha de sa sœur et posa la main sur son
épaule.
« Mais qu’est ce qu’il se passe dans sa
tête de mule ? » se demanda-t-elle
à voix haute.
« Il s’est mis en colère lorsqu’il
a vu que l’autre humain flirtait avec toi. »
« … ah ? »
Absinthe
préféra ne rien rajouter et invita Mélusine à la suivre.
« Viens, on rentre à la maison. Il
reviendra. Delacroix, occupe-toi de Richelieu. »
*-*-*-*
Le
retour à la maison se fit dans un silence accablant. Coupable pour certains,
gêné pour d’autres. Au manoir, Morphine les attendait de pied ferme, scrutant
le ciel.
« Oh ! Vous auriez pu me
prévenir quand même quand vous sortez ! Moi aussi j’veux
m’amuser ! »
« C’était pas ce que tu crois
Morphine. » répondit
Mélusine.
« Ouais, c’est ça » Fit-elle suspicieuse et blasée. « Vous ne voulez pas que je
traine dans vos pattes pendant que vous faites la fête, c’est tout. »
Mélusine
passa à côté d’elle, fatiguée et pleine d’interrogations. Elle regarda au loin,
se demandant quand est-ce que Grimm allait revenir. Il allait y avoir des
choses à mettre au point.
-FIN -
Karell, 2009
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